Le Laos, au cœur de la péninsule indochinoise
Le pays s’étend sur environ 1000 km du Nord au Sud mais n’est parfois large que d’une centaine de kilomètres. Les montagnes et plateaux occupent 70% du territoire.
Au Nord, l’altitude moyenne est de 1500m et le relief est très accidenté. Le Phou Bia y culmine du haut de ses 2817m. En son milieu s’étend le Khammouane avec ses impressionnants monts karstiques. A l’est, la Cordillère annamitique forme l’essentielle de la frontière avec le Vietnam et s’élève en moyenne à 1200m. Au Sud, les Bolovens sont une région de moyens plateaux. Leur climat doux est propice à la culture et en fait une zone agricole majeure (riz, café, thé, hévéas…)
Le reste du pays est essentiellement occupé par la vallée du Mékong qui se termine en un vaste archipel fluvial à l’approche de la frontière avec le Cambodge.
Les tiraillements de l’histoire
De la préhistoire à la cohérence nationale
Les vestiges de la plaine des Jarres et les mégalithes de la province du Houa Phan, au Nord-Est du pays, rappellent le peuplement primitif et les mystères liés à leurs rites et coutumes. Les peintures murales des grottes de la région de Luang Prabang, des régions de Vientiane, Savannakhet et Saravan démontrent que le Laos a toujours été une terre de peuplement et de passage.
Jusqu’au XIVe siècle, l’histoire du Laos reste difficile à définir. Les Chams, venus du Vietnam laisseront toutefois à travers le splendide et troublant Vat Phou les traces de l’hindouisation du pays. Les Khmers, à leur suite, rendront les populations perméables aux nouvelles idées religieuses venues d’Inde et au bouddhisme en particulier.
Le royaume du million d’éléphants est la première forme d’une véritable structure étatique lao. Sa capitale, Luang Prabang, possède toujours aujourd’hui son charme légendaire. Mais cet épisode faste ne sera qu’un passage de courte durée bientôt suivi d’une longue période troublée. Les nombreux conflits contre les Birmans ou les Siamois ont plus d’une fois failli causer la disparition pure et simple du pays.
Le Laos découvre l’occident
Le XIXe siècle des grandes explorations est aussi celui du colonialisme. La France découvre le Laos, et installe un protectorat sur le pays, au cœur de l’Indochine française.
Si le Laos accueille assez bien la France, c’est avant tout car cela lui donne l’impression d’être protégé des volontés expansionnistes de la Birmanie, du Vietnam ou de la Thaïlande.
Malheureusement, c’est pour être entraîné avec elle dans les troubles de l’histoire internationale.
La situation confuse laissée par la seconde guerre mondiale ouvre la voie aux idées nationalistes et indépendantistes. Les Lao se demandent s’il n’est pas temps de gérer par eux-mêmes et pour eux-mêmes le pays, en évitant de se laisser entraîner par la volonté d’autres, quels qu’ils soient.
L’indépendance du Laos
Le Laos se rend compte qu’il est impossible de rester à l’écart des conflits qui caractérisent le XXe siècle. L’indépendance doit choisir son camp. Les neutralistes optent pour la France afin de ne pas se laisser entraîner par les deux grands acteurs du conflit vietnamien, a contrario des pro-communistes qui choisiront le Vietminh ou des anti-communistes se rangeant derrière la bannière étoilée.
De guerre d’Indochine en guerre d’Indochine, le Laos ne peut échapper à la tourmente mondiale. C’est finalement les communistes qui l’emportent mais la paix n’est pas encore totalement scellée. Les positions devenues irréconciliables conduiront à l’exode d’une partie conséquente de la population, à l’internement dans les camps ou à des actions de guérillas.
Le XXIe siècle commence un nouveau millénaire. Anticipant l’effondrement du bloc de l’Est, le communisme lao se réinvente. Tout est désormais mis en œuvre pour atteindre l’objectif de sortir le pays du bloc des pays les moins avancés de la planète.
La volonté de progrès
L’assise communiste
La République Démocratique Populaire du Laos est un état socialiste dirigé par le Parti Révolutionnaire Populaire Lao, parti unique d’obédience marxiste léniniste. Compte tenu du principe de régime à parti unique, la stabilité politique est bonne.
Depuis le 20 avril 2016, le Président de la République est monsieur Boungnang Vorachit et le Président du Conseil des ministres, monsieur Thongloun Sisoulith.
Les membres de l’Assemblée nationale, au nombre de 99, sont élus au suffrage universel pour une durée de 5 ans.
La capitale est Vientiane, la ville du Santal et la monnaie le kip.
Les bandes rouges du drapeau national représentent le sang versé au cours de la lutte pour la liberté. La bande bleue symbolise la richesse et le disque blanc, la lune brillant sur le Mékong.
L’hymne national est Pheng Xat Lao (hymne aux gens du Laos) : à écouter ici
« Depuis toujours, le peuple lao a illustré avec éclat la patrie,
Toutes les énergies, tous les esprits, tous les cœurs comme une seule force,
Avançant unis et décidés, honorant la dignité lao et proclamant le droit d'être maîtres d'eux-mêmes,
Les Lao de toutes les ethnies sont égaux
Ils ne permettront plus jamais aux impérialistes et aux traîtres de leur nuire
Le peuple tout entier sauvegardera l'indépendance et la liberté de la nation lao,
Il est résolu à lutter et à vaincre pour mener la nation à la prospérité. »
Adopté en 1992, l’emblème national représente le That Luang flanqué par des tiges de riz. Les deux inscriptions signifient : « la paix, l’indépendance, la démocratie, l’unité et la prospérité » qui est la devise du pays.
Au Laos, la fête nationale est le 2 décembre.
Un potentiel à exploiter
Pays essentiellement agricole, l’économie du Laos est toujours une économie de subsistance. Le riz, aliment de base, est la principale culture. Il s’agit d’une variété particulière, le « riz gluant » (khao niao) riche en amidon et ne contenant pas de gluten alimentaire. Les autres cultures sont pratiquées à plus petite échelle : maïs, fécules, arachides, coton et tabac… Grâce à leur climat plus doux, les plateaux comme les Bolovens, cultivent thé, café, hévéas, litchis… Le café lao a la réputation d’être parmi les meilleurs au monde.
Le bois est, après le riz, la principale production du pays. Les sommets montagneux sont très boisés et représentent un important enjeu économique basé sur l’exploitation des bois exotiques.
Il n’existe pas d’industrie lourde au Laos mais le pays possède d’importantes ressources minières et énergétiques : étain, charbon, minerai de fer à haute teneur en zinc, plomb, cuivre, or, saphirs et rubis…
L’hydroélectricité, destinée à l’exportation, contribue pour une large part aux revenus du pays et les barrages sur les affluents du Mékong sont de plus en plus nombreux. Le Laos a l’ambition de devenir la véritable centrale électrique de la péninsule.
Ces barrages font polémique sur le plan écologique mais le gouvernement essaie de faire profiter le plus grand nombre de cette manne économique. Il conditionne notamment les droits d’exploitation à des mesures sociales fortes en faveur des habitants délocalisés fixant des règles qui se veulent exemplaires pour des projets d’une telle envergure. Par ailleurs, le Laos fait partie intégrante de la Mekong River Commission dont le siège est à Vientiane. Le rôle de ce comité est de veiller aux intérêts partagés des pays riverains du grand fleuve.
Le tourisme est la première source de devises (avant l’hydroélectricité). Après les déconvenues engendrées à Vang Vieng par des jeunes occidentaux en mal de décadence à l’ouverture du pays, le gouvernement a redressé la situation et s’est fixé pour objectif de faire du Laos une destination de réputation mondiale en termes de tourisme durable et d’écotourisme. Le Conseil européen du Commerce et du Tourisme a récompensé le pays comme ‘Meilleure destination touristique mondiale’ en 2013.
Un réseau de voies de communication à développer
Le réseau routier est en perpétuel développement transformant peu à peu les pistes, plus ou moins praticables suivant les saisons, en routes asphaltées. L’axe principal, la route nationale 13, traverse le pays du Nord au Sud. Après la rénovation des connexions reliant ses voisins, les efforts du gouvernement visent à désenclaver les régions les plus isolées.
Le Mékong arrose le Laos sur un parcours de 1898 km mais il est peu navigable en raison de ses rapides et de son débit irrégulier. Les splendides croisières reliant Luang Prabang à Houeisay au Nord et Paksé aux 4000 îles au Sud utilisent les parties exploitables du grand fleuve.
Le train est encore inexistant, en dehors des 3,5 km de voies ferrées permettant de franchir le pont de l’amitié n°1 pour rejoindre la Thaïlande. Un projet d’envergure est lancé pour relier la Chine à la Thaïlande à travers le Laos. Les nombreux ouvrages d’art prévus pour franchir les montagnes du Nord du pays devraient limiter autant que faire se peut l’impact écologique.
L’avion demeure un moyen pratique et surtout le plus rapide pour se déplacer à l’intérieur du Laos. Une dizaine d’aéroports sont répartis sur le territoire. Pour l’international, Wattay à Vientiane, Luang Prabang, Savannakhet et Paksé ne permettent pas encore d’accueillir les gros porteurs mais l’adaptation de l’aéroport de Vientiane a démarré.
Un leitmotiv : sortir des Pays les Moins Avancés
Pays parmi les plus pauvres de la planète et classé dernier pour toute l’Asie du Sud-Est, le Laos rattrape peu à peu son retard sur ses voisins de la zone. Il attire les investissements dans les secteurs clés de l’énergie hydroélectrique et de l’exploitation minière à fort potentiel (cuivre, bauxite, fer, zinc…) Avec l’aide des bailleurs de fonds internationaux, il développe les infrastructures de transport indispensables à son développement économique. Une politique résolument volontariste met désormais tout en œuvre pour sortir du statut de PMA à l’horizon 2020 et, à observer le train où vont les choses, on peut être résolument optimiste sur l’atteinte de cet objectif.
De suite après son ouverture, en 1997, le pays adhère à l’ASEAN. En janvier 2011, l’ouverture de la bourse de Vientiane entérine le passage à une économie basée sur le libre échange. En février 2013, le pays intègre l’Organisation Mondiale du Commerce. L’adhésion à ces structures inter-étatiques a conduit le pays à mener des réformes de fond dans un certain nombre de domaines : réduire la pauvreté, lutte contre la drogue, mesures anti-corruption… Pour autant, le Laos semble vouloir dominer la situation et ne pas se laisser entraîner dans de nouvelles dérives liées cette fois à une modernisation trop rapide. Ainsi, en dépit du mirage du flux de devises accompagnant le tourisme de masse, il a résolument fait le choix de cadrer le secteur du tourisme. Il privilégie l’écotourisme en créant une quinzaine de parcs nationaux contrôlés au profit des populations locales impliquées dans les projets et de la protection de la bio-diversité.
Le Laos souffre encore d’un déficit d’image à l’international du à une méconnaissance plus qu’à un rejet. Le pays est trop souvent considéré comme une étape dans une boucle indochinoise. Même si les choses évoluent favorablement dans ce domaine, trop d’opérateurs ne le promeuvent toujours pas comme une destination à part entière mais comme un complément à un voyage au Vietnam, au Cambodge ou en Thaïlande. A contrario, cela permet au Laos de conserver à juste titre une image de destination préservée en regard des évolutions connues par ses voisins. Le Laos qui possède une offre touristique très large et diversifiée demeure une véritable destination authentique !
Une incroyable richesse ethnique
La population des records
Dans le domaine de la population, le Laos établit de nombreux records en Asie du Sud-Est. Ainsi, le pays compte 6 492 000 habitants (recensement officiel de 2015). Sa densité de population, 27,4 ha par km² est la plus faible de toute l’Asie du Sud-Est mais sa croissance démographique de 1,85 % par an est la plus forte de la région. L’âge médian est de 20,3 ans, la population lao est donc la plus jeune de l’Asie du Sud-Est.
65 % de la population est rurale soit, cette fois, le taux le plus élevé de cette même Asie du Sud-Est.
Un pays multi-ethnique
Une langue originale
La langue officielle est le lao. Elle comporte de nombreux dialectes dont cinq régionaux dont la différence intervient surtout sur l’accentuation des mots : le lao de Vientiane, du Nord (Luang Prabang), du Nord-Est (Xieng Khouang), du centre (Khammouane) et du Sud (Champassak). Le lao de Vientiane, la langue officielle du pays, est un facteur de cohésion.
Comme il s’agit d’une langue thaï, Lao et Thaïlandais d’une grande partie du Nord de la Thaïlande se comprennent assez facilement.
La langue lao est une langue tonale. Si grâce aux tons, les Lao sont capables de distinguer les mots, le système tonal a de quoi dérouter les occidentaux qui entendent la même chose pour pèèt=huit, pèt=canard ou phèèt=piment. A ne pas entendre correctement les sons, Khrao peut signifier riz, information, corne ou eux/ils, la couleur blanche, le chiffre 9...
L’alphabet lao comporte 33 consonnes, 28 voyelles et 4 signes de ton. Il existe 3 sortes de K, 3 de T, 2 S, 2 N...
Les voyelles se répartissent autour des consonnes. Le ou les symboles de la voyelle peut ainsi se trouver devant, derrière, au-dessus ou au-dessous de la consonne avec laquelle elle est associée.