Si la plaine des jarres interpelle autant notre imaginaire c’est qu’il semble ici plus qu’ailleurs n'y avoir ni début ni fin. Une antique civilisation a mystérieusement disparu sans nous dévoiler ses énigmes. Plus près de notre époque, c’est la guerre secrète qui n’a laissé que des vestiges. L’impermanence si chère aux Bouddhistes s’exprime ici dans ce qui ressemble à un cycle éternel de disparitions « incompréhensibles » de nos sociétés.
La plaine des jarres, un mystère antique
Qui, quoi, comment, pourquoi ? Les questions que posent la plaine des jarres demeurent toujours sans réponse. Sur un plateau, d’imposantes jarres sont disséminées ici ou là sans que personne ne sache réellement de quand elles datent, qui les a façonnées, ni à quoi elles étaient destinées. L’hypothèse la plus communément répandue relève du rite funéraire sans beaucoup plus de précisions. La plus gigantesque avoisine les 7 tonnes imposant des moyens de levage énigmatiques. Et puis, d’où peut bien venir la matière, le calcaire spécifique des jarres ne se retrouvant pas dans la région. Tous ces mystères renforcent l’atmosphère par nature incroyablement envoûtante des lieux.
La plaine des jarres, une étrange nature
Une étape à la plaine des jarres plonge aussi le visiteur dans l’agréable sensation d’une nature généreuse et diverse : des plantations de café profitant de la douceur du plateau situé à 1000m d’altitude ; d’étonnantes sources d’eau chaude qui sourdent à 60°C avant de se répandre en petites cascades ; l’élevage du ver à soie qui procure les fils aux brodeuses du pays
Les grottes se logeant dans les falaises près du lac Nong Tang, Tham Piu et Tham Pha, abritent quant à elles une collection de bouddhas qui ont mis en œuvre toute leur puissance pour tenter de protéger l’endroit du déluge infernal de la guerre secrète.
La plaine des jarres, l’apocalypse d’hier
La plaine des jarres, au Nord, et la piste Ho Chi Minh, au Sud, sont les deux régions du Laos ayant le plus souffert du raz de marée permanent des bombardements américains de la guerre secrète. Xieng Khouang, l’ancienne capitale de la province a été détruite et laisse place aujourd’hui à une véritable ville fantôme. Les maisons coloniales éventrées, le That Foun, stupa du XVIe siècle, le Wat Piawat et son immense bouddha assis trônent désormais délabrés au milieu d’une végétation envahissante.
Dès qu’elle le peut, et avec les moyens du bord, la vie reprend néanmoins ses droits. Si la zone est toujours infestée d’engins non explosés, les habitants recyclent avec beaucoup d’ingéniosité les métaux des bombes de la guerre du Vietnam. Mais, d’ailleurs, peut-on encore ici utiliser ce terme. N’est-ce pas à la plaine des jarres que celui de seconde guerre d’Indochine est devenu plus adapté.