La plaine fertile dans laquelle serpente le puissant Mékong est ici entourée de collines verdoyantes qui confèrent à la province de Champassak des paysages d’une rare beauté.
Le Vat Phou, le temple sacré de la montagne y trône dans un décor naturel avec lequel il s’intègre à merveille.
Et puis, avant de quitter le pays pour se rendre au Cambodge, le Mékong a décidé de rugir de toute son incomparable puissance au milieu de chutes spectaculaires après avoir gonflé ses forces dans le pré-delta des 4000 îles.
Les 4000 îles, un archipel sur le grand fleuve
Elles sont tellement nombreuses que 4000 semble effectivement avoir été choisi à bon escient. Les trois plus grandes, Don Det, Don Khong et Don Khone sont les plus visitées, les autres demeurant pour la plupart inhabitées et sauvages. Cette myriade de petites îles paisibles renforcent s’il en était besoin la majesté du vaste Mékong qui va bientôt se précipiter en impressionnantes cascades.
Spectacle effarant que les pêcheurs installant leurs pièges à poissons dans le vrombissement des chutes assourdissantes de Li Phi. Attraction captivante que de pouvoir observer en aval, avec de la chance, les derniers dauphins de l’Irrawady, cétacés d’eau douce malheureusement en voie de disparition. Quand aux chutes de Khone Phapheng, les plus larges du monde, comment ne pas se sentir écrasé par le maelström incroyablement puissant du Mékong. Ahurissant !
Désespérés par cette fracture brutale empêchant les bateaux de remonter le fleuve, les Français avaient ingénieusement conçu un système de rupture de charge entre l’amont et l’aval des chutes. Ils construisirent une ligne de chemin de fer afin de relier Don Det et Don Khone, déchargeant les marchandises des bateaux à une extrémité pour les recharger sur d’autres navires à l’autre bout. Aujourd’hui on peut encore découvrir le vieux pont ferroviaire ainsi qu’une locomotive désormais à l’abandon.
Vat Phou, la merveille du Sud Laos
Érigé au Ve siècle de notre ère par les rois Khmers, ce splendide temple pré-angkorien est un berceau de la civilisation Khmère. Angkor n’est d’ailleurs qu’à 250km et relié par une route directe du IXe au XIIe siècle afin de demeurer en contact avec l’antique capitale. Pour les Khmers, le temple est le Linga Parvata, Linga pour phallus et Parvata pour montagne. Une source coule de la colline dont le sommet cylindrique évoque un sexe masculin.
Auparavant, les Chams, peuplade hindouiste arrivée du Vietnam avaient aussi identifié le site avec un lingam, le symbole de Shiva et lui avaient consacré le lieu. Mais déjà, bien avant eux, les Kha, les premiers habitants du Laos, vénéraient ici leurs génies tutélaires. Ce syncrétisme toujours présent dans les rites associés au Vat Phou, le temple de la montagne, dénote du caractère puissant de l’endroit. Une incroyable énergie s’en dégage, renforcée lorsque l’on se trouve au sanctuaire, observant la naturelle imbrication du temple dans un paysage d’une incroyable beauté.
Le site archéologique du Vat Phou est classé au patrimoine mondial par l’UNESCO.
Phou Assa, l’étrange colline
Si la vue sur la large plaine environnante est splendide depuis le sommet du mont Assa, l’atmosphère est des plus singulière. Une enceinte rectangulaire constituée de piliers de pierres plates d’une hauteur d’environ 2m entoure les vestiges d’un bâtiment central. S’agit-il d’une espèce de château fort et de tours de guet pour annoncer l’arrivée des assaillants ? Notre culture occidentale pourrait nous le faire croire. En fait, ce pseudo château daterait tout au plus du... XIXe siècle. Un moine y aurait construit ce temple depuis lequel il poussa la population à se rebeller contre ses exploiteurs. Une rapide campagne militaire eut raison des contestataires mais, l’histoire veut que le site garde aujourd’hui un caractère particulier pour les Lao. C’était la toute première fois semble-t-il qu’ils osaient s’opposer ainsi aux propriétaires oppresseurs.
Les pieds de la colline sont occupés par la plus grande zone humide du Laos : 51 espèces d’oiseaux dont l’ibis géant et des sarus crane ainsi que 36 espèces de mammifères y prospèrent au milieu des éléphants et des buffles du village.