Les ethnies du Laos

Avec un peu moins de 7 millions d’habitants et une superficie près de la moitié de celle de la France, le Laos est le pays les moins densément peuplé du Sud-Est asiatique : seulement 27 habitants au km2. Pour autant, le pays est une véritable mosaïque ethnique avec 50 ethnies officiellement répertoriées. La 50e, l'ethnie Brou a été reconnue à l'été 2018. Elle compte 130 000 représentants habitants la province de Savannakhet.

L'ethnologie est une science bien délicate et, en fonction des critères d'appréciation - la langue, l'origine du peuplement, la répartition géographique... - certains experts différencient pour leur part jusqu'à 80 groupes ethniques ! Chacune de ces ethnies parle son dialecte, possède ses coutumes, ses traditions, sa religion, etc.
 
Rendant finalement assez bien compte tant d'une réalité linguistique que d'un échelonnement du peuplement, le critère de répartition par tranche d'altitude est communément employé.

Les Lao Loum sont arrivés au Laos dès le XIe siècle sous la pression chinoise. L'exode fut plus massif au XIIIe siècle, lorsqu'ils furent repoussés de Chine par les Mongols de Kubilaï Khan, le petit-fils de Gengis Khan. Ils ont investis les vallées et la plaine du Mékong, repoussant les populations indigènes vers le flanc des montagnes.

Les Lao Loum représentent environ 60% de la population. Ils sont composés de groupes des ethnies de la famille des langues Taï-Kadaï : Taï Lao pour le groupe principal (Phouan, Kaleung, Nyo) et aussi des Taï Dam (Taï Noirs), Taï Daeng (Taï Rouge), Taï Khao (Taï Blanc), Phoutaï, Lu, Nyouang, Yang, Sek

Les Taï Lao occupent traditionnellement la grande plaine du Mékong et pratiquent le bouddhisme théravada.

Le Lao, langue de l'ethnie majoritaire d'origine Lao, est maintenant une langue vernaculaire permettant à tous les laotiens de se comprendre.

Les autres groupes Taï vivent plutôt le long des vallées fluviales des montagnes du Nord et de l’Est du pays. Ils cultivent aussi bien le riz irrigué que le riz d’altitude. Ils pratiquent un culte des esprits « phi » aux accents animistes.

En 1935, à la définition des frontières entre le Siam et le Laos, les Lao sont certes devenus l'ethnie majoritaire du royaume du Laos mais la plus grande majorité des Taï Lao, ceux de l’Isan, près de 4 fois plus nombreux, deviendront sujets du Siam.
Les langues respectives étant très proches, les Laotiens et les Thaïlandais du Nord se comprennent assez facilement.

D'après la tradition Taï, arrivé à Dien Bien Phu, le roi légendaire Khun Boulom envoya ses sept fils créer chacun son propre royaume dans la péninsule indochinoise. Son fils aîné Khun Lo, dont le nom est peut-être à l’origine du mot lao, part fonder le royaume de Luang Prabang.
Les autres frères se répartiront les royaumes de Xieng Khouang (Nord-Est du Laos - la Plaine des Jarres), Ayutthaya (Centre de la Thaïlande), Chiang Maï (Nord de la Thaïlande), Sipsong Pan Na (Yunnan, Chine - aux frontières des actuelles provinces laotiennes de Phongsaly et Luang Nam Tha), Hamsavati (Myanmar).
La dernière province du mythe reste inconnue. Elle pourrait se situer au Nord Vietnam. Elle est parfois identifiée comme la province de Nghê An (frontalière des actuelles provinces laotiennes du Xieng Khouang et du Houaphan).

Représentant environ 30 % de la population, ils pourraient être dans la région depuis plus de 3 000 ans avant notre ère. Ils sont à ce titre souvent considérés comme les populations indigènes du pays ayant été repoussées vers les hauteurs à l’arrivée des Taï. Les Khamus ont ainsi la réputation d'être les tous premiers habitants du Laos.

Pour autant, les recherches archéologiques montrent que le Laos pourrait être occupé depuis environ 2 millions d'années par des hominidés, puis par une succession de pénétration de divers groupes humains.
Dans la région de Luang Prabang ont été trouvés les restes d'un hominidé datant de 500 000 ans et dans le Houaphan des fossiles humains dateraient de 45 000 à 50 000 ans.
 
Et puis nous ne savons rien des civilisations mystérieuses qui nous ont laissé les cercles de pierres du Houaphan ou la plaine des jarres sans doute au cours du 1er millénaire avant notre ère.

Les langues Lao Theung sont de la sous-famille Môn-Khmer de la grande famille des langues Austro-Asiatiques. Elles se répartissent géographiquement en cinq sous-groupes :
 
Au NORD et au CENTRE
 
- Les langues Khamouiques : ethnies Khamu (Kouëne, Nyouan, Ou, Rok), Mlabri, Phong, Sing Moun, Thin
- Les langues Palangiques : ethnies Bit, Lamet, Samtao
- Les langues Viétiques : ethnies Kri, Mone, Ngouan, Toum
 
Au SUD
 
- les langues Katouiques : ethnies Katang, Katou, Makong, Ngé, Pacoh, Souet, Ta-Oï, Tri
- les langues Bahnariques : ethnies Alak, Cheng, Jeh, Lavé, Laven, Lavi, Nha Hoen, Oi, Sedang, Talieng

Ils occupent les plus hautes régions du Nord Laos. Certaines de ces tribus sont implantées depuis plusieurs millénaires sur les zones frontalières avec la Chine et la Birmanie avant que la notion de frontières étatiques ne deviennent une réalité. Les dernières tribus arrivées fuyaient le Sud de la Chine et les bandes de pillards - pavillons noirs, pavillons jaunes...- qui y semaient la terreur entrer 1850 et 1870.
Ces ethnies marquent un très fort attachement clanique et portent encore parfois leur tenue traditionnelle dans la vie quotidienne.

Les Lao Soung représentent environ 10 % de la population. Leurs langues font partie des familles :
- Hmong-Mien (ou Miao-Tao) : Hmong, Yao, Yao Mien, Yao Moun (ou Lanten)
- Tibeto-Birmane : Akha, Hani, Kheu, Koui, Lolo, Moussoe, Phounoi, Sila

Le billet de 1000 kips laotiens représente la diversité ethnique du pays. Ainsi, on y découvre, en costume traditionnel trois jeunes femmes représentant les groupes les plus nombreux de chacune des catégories :
Au centre, la famille des Lao Loum représentée par une Lao est encadrée sur sa gauche par une Khamu pour les Lao Theung et sur sa droite, par une Hmong pour les Lao Soung.